LE FIL AMOUREUX par Tran Arnault
RAPHAËL SCORBIAC LE FIL AMOUREUX Cela se passe un vendredi, dans les années trente. Il est vingt heures quinze. Un homme monte dans un train. Mardi, il débarquera à Casablanca au petit matin. Entre-temps, le transbordement organisé permet qu’il passe directement d’un wagon à la cabine d’un paquebot. Le tour de passe-passe a lieu à Marseille, môle A, là où sont amarrés les vaisseaux de la Compagnie Paquet . Le rail, et puis la Méditerranée, presque sans transition. Deux mille treize. Huit décennies plus tard. La capitainerie Paquet tient toujours debout. Le bâtiment s’élève aujourd’hui dans un no man’s land, une digue désertée, par endroits gravée de noms inscrits dans la pierre par ceux qui ont fait trace de leur passage. Le ruban d’asphalte suspendu au-dessus des flots se hérisse de blocs massifs, versés pour faire obstacle à la houle. Parfois, sans qu’on s’y attende, un sas voûté s’ouvre sur le ciel. Tout l’entour, poétique en diable, invite à la promenad...








